Guidi n'aimait pas beaucoup parler ni de lui, ni de son art, ni de l'Art en général, qu'il connaissait pourtant très bien, ayant suivi une formation traditionnelle, visité des musées et des galeries dans le monde entier, étudié beaucoup de livres d'art et pratiqué ou inventé de nombreuses techniques. Néanmoins, trop de discours des critiques ou des artistes eux-mêmes l'insupportaient. Il déclarait souvent, avec force:
« Si l'on peint ou si l'on sculpte, c'est justement que les mots ne peuvent pas tout dire! Si l'oeuvre a besoin de trop d'explications, c'est qu'elle n'en vaut pas la peine. Pas besoin d'être « amateur d'art » chevronné pour apprécier une oeuvre d'art : l'art est « réservé » non pas à une élite... mais à tout le monde ! L'art doit passer avant tout par le coeur, par les sens »
J'ai pensé pouvoir écrire des textes sur Guidi et sur son oeuvre, car le temps écoulé depuis sa mort ( plus de douze ans ) me donne la distance nécessaire sur son travail et sur ma relation à l'homme et à l'artiste qu'il fut.
Muse, impresario et compagne, je sais beaucoup sur lui mais évidemment pas tout ( nous avons tous nos jardins secrets ) et quant à son passé, je peux avoir omis certains événements et même commis des erreurs* : je serai toujours prête à ajouter les uns ou à rectifier les autres.
J'ai essayé d'être aussi sincère et objective que possible à travers mon implication dans la vie de Guidi et dans son oeuvre sans occulter pour autant mon admiration, restée intacte depuis sa disparition, même si, depuis, ma propre vie de femme et d'artiste a pu prendre d'autres envols.
* En ce qui concerne les dates, Guidi a tout fait pour « brouiller les pistes », il ne voulait pas ajouter de date à sa signature, par esthétisme et aussi parce qu'il vivait avant tout au présent. D'où de nombreuses difficultés pour mes recherches.
Guidi et Annie Jeanneret à Fillerval en 1981 ( Photo Maurice Lababsa )
Guidi et les pigeons devant les « Procuratie » de la Place Saint-Marc ( Venise -1984 )
Autoportrait de Guidi Années 1970