Routes et ciels ( 1/2 )

« Si mes visiteurs ont l'impression, à travers mes tableaux, d'être véritablement « dans » la route, j'ai l'impression, moi, lorsque je suis sur la route, surtout la nuit, d'être dans un tableau de Guidi ! » ( Guidi - Entretien sur FR3 Picardie )

Les routes, réalisées au cours des dernières années de sa vie ( 1996-97 ), participèrent d'une période particulièrement intense, et furent pour Guidi un thème obsessionnel dans son travail.

Pour les connaisseurs, amateurs, galeristes ou critiques d'art, cette « période routes » est l'une de ce qu'il considérait lui-même comme une de ses deux ou trois réussites. Peu facilement content de lui, Guidi se disait être heureux de les laisser après sa disparition, même si la pérennité de son oeuvre était pour lui secondaire, l'essentiel étant de créer, non de vendre ou de passer à la postérité...

A la limite de l'abstrait, avec une richesse, une diversité de couleurs et cette matière à la fois brillante et intense que permet l'encre d'imprimerie, ces routes peuvent résumer le talent de Guidi : dessin vif et subtil, pas de pittoresque, pureté des lignes et des volumes, originalité des couleurs.   Les routes de Guidi sont éminemment symboliques de la vie et de son chemin sinueux dans l'ombre ou la lumière, environnées de forêts plus ou moins sombres et mystérieuses sous des ciels plus ou moins nuageux... La nuit y est très présente, avec la lune , elle aussi obsessionnelle.   Les ciels faisaient tout naturellement partie des routes et nous nous situions nous-mêmes au plan personnel comme au plan de son oeuvre, toujours « entre les deux ».

Nous nous sommes toujours sentis voguer entre la matière « solide » avec ses limites évidentes et « l'impalpable », pourtant presque certain dans l'imaginaire bien que toujours mouvant: ces « merveilleux nuages »de Baudelaire, qui appartiennent à nos ciels intérieurs...

Route d'hiver bleu-nuit aux bandes blanches