Je n'avais écrit lors de leur création aucun poème sur les Imaginaires de Guidi, et ce, volontairement, car certains de ces paysages imaginaires auraient pu et peuvent encore m'inspirer des textes. Je pensais alors qu'il ne fallait pas influencer le regard du public sur des oeuvres qui sont faites pour que celui-ci soit absolument libre de leur interprétation et de la vision toute personnelle qu'il peut avoir d'une peinture observée.
A l'occasion de l'exposition-hommage à Guidi proposée et organisée au Palais Ducal de Nevers ( mai 2004 ), j'ai dû écrire un texte pour l'invitation. Il m'est alors souvenu d' un poème curieusement pessimiste, au thème difficile, intitulé Embrasement, écrit un mois avant la disparition de Guidi, pour notre dernière exposition, à la galerie Elizabeth Fark, à Grinzach, près de Bâle.
L'oeuvre de Guidi, d'un rouge si somptueux, m'avait fait d'abord penser non pas à l'embrasement d'un volcan, qui deviendra le titre du poème, mais à la coulée de bronze en fusion, réalisée à la fonderie Susse pour le Mausolée de Crépy-en-Valois. Le thème de cette sculpture, c'est l'amour- filial ou conjugal: quelque passionné qu'il soit, celui-ci est condamné d'avance par la rupture ou par la mort de l'un ou de l'autre...
Une rupture est une mort, la mort est « la » rupture... Etait-ce un poème prémonitoire ?
EMBRASEMENT ( VOLCAN )
Ce volcan éclaté,
exalté, embrasé,
c'est le Feu, c'est l'Amour,
c'est le bouillonnement
d'une coulée de lave:
C'est notre Solitude...
et la cendre est si noire !