Cette possibilité de création commune, à l'époque très originale surtout émanant d'un couple, nous a semblé évidente dès notre rencontre. Nous avons toujours travaillé « ensemble »...mais en fait chacun de son côté face à l'oeuvre de l'Autre, chacun s'y projetant dans le désir de sa propre créativité: liberté artistique absolue dans la plus totale intimité d'âmes. Une sculpture, même de la première période dite « avant moi « , m' inspirait un poème, un poème même antérieur à notre rencontre pouvant inspirer à Guidi une sculpture ou inversement, d'où, selon le cas, l'appellation « Poèmes-Sculptures » ou « Sculptures-Poèmes ». Certains climats ressentis devant l'oeuvre de l'un ou de l'autre, nous sont restés tout personnels mais à travers cette « différence », il y avait fusion.
GUIDI ET PAUL BELMONDO ( auteur de la préface de notre recueil )
Guidi dessinait très bien et regardait le dessin comme une technique « de base » absolument indispensable. Pour autant, avec la distance qu'il savait prendre sur son travail, il ne considérait pas comme très significatifs de son oeuvre ses dessins ou esquisses des diverses « périodes ». Si Guidi admirait beaucoup la technique de Paul Belmondo, ce dernier, déjà âgé et en fin de carrière, lui enviait son inspiration... et sa muse - et ils parlaient souvent ensemble de la nécessité absolue de dessiner chaque jour « comme le pianiste fait ses gammes ». D'une humilité exemplaire, ce sculpteur célèbre travaillait comme un étudiant qu'il était resté, dans son vieil atelier mal chauffé, proche de Montparnasse, qu'il était reconnaissant à mon père Serge Jeanneret, bras droit de Bernard Lafay alors maire de Paris - d'avoir sauvé de la destruction. D'où notre rencontre, qui se révélera très fructueuse. Paul Belmondo, personnage délicieux, à la conversation éblouissante, petit, mais très distingué, aimait à évoquer l'ascension de son fils Jean-Paul, à la dégaine de voyou, devenu « star « : « Vous savez, il faut être modeste : avant, on disait « Jean-Paul Belmondo, ah oui... le fils du sculpteur! » et maintenant on dit « Paul Belmondo, le sculpteur, ah oui...le père de l'acteur ! »
Belmondo restera pour Guidi, avec Picasso, un véritable modèle artistique, et il nous prouvera son amitié et son estime de notre travail commun en écrivant une très belle préface pour notre recueil ci-joint.