En 1978, c'est la rencontre « impossible » donc romantique par excellence, alors qu'un cancer venait de me frapper et qu'après une opération et cinq mois de radiations diverses, j'étais sur le point de commencer une chimiothérapie qui durerait quatre ans, si je la supportais, les médecins m'ayant déclarée perdue.
Nous décidons du jour au lendemain de vivre ensemble ce temps de vie qui me reste, très court en principe. Guidi part de Clermont en laissant maison et atelier mais sa fille Frédérique, qui me connaissait et m'aimait bien ( j'étais au lycée son professeur de musique ), décidera rapidement de venir vivre avec nous dans ce petit village niché dans la superbe forêt de Hez-Froidmont qui se rendra bientôt célèbre par notre « Festival de la Grange de Fillerval ».
Les médecins ne comprendront jamais que j'aie survécu ( heureux hasard ou miracle de l'amour ou/et de la volonté ? ) et je serai pendant plus de vingt ans, décisifs pour sa carrière de sculpteur et de peintre, la compagne de Guidi, sa « muse », son impresario, sa secrétaire, et même, sur son insistance, son épouse. Artiste moi-même, mon admiration l'emporte alors sur la raison et peu après notre rencontre, je propose à Guidi d'arrêter ses activités de potier pour se consacrer uniquement à son art.
Nous avons peu d'argent mais nous sommes riches d'admiration et d'amour mutuels, nous vivons dans un très beau lieu qui nous permet de travailler et d'exposer et surtout, malgré ou grâce à la menace qui plane sur ma vie, nous avons cette passion du travail commun qui restera toujours « urgente ». Ce sera donc avec Guidi, pendant de longues années, jusqu'à sa disparition en 2001, une oeuvre « à deux », en particulier avec les Poèmes-Sculptures.
Notre vie sera consacrée à la création artistique, ponctuée de voyages privés ou professionnels à travers le monde, source d'inspiration pour l'un et l'autre et pour « tous les deux ».
Guidi et Annie Jeanneret à Fillerval ( Photo Maurice Lababsa )