Les séjours à Venise chez notre ami danseur, chorégraphe et comédien Roger Ribes, dans divers quartiers de la ville ( car, pour notre bonheur il déménageait souvent! ), engendrèrent peintures et dessins très figuratifs.
Nous allions à Venise presque toujours en hiver ( en été, tout est flou, comme écrasé ), retrouver la magie de la lumière sur les palais, sur les canaux et la lagune. Nous nous sommes chaque fois enivrés des reflets, essence même de la ville.
Quand on connaît bien Venise, on ne lève presque jamais la tête, on marche inlassablement, sans avoir cette envie fébrile de « tout voir » des amoureux-débutants de la cité des Doges.
Notre enthousiasme était toujours nouveau pour les ruelles, avec leurs barbacane* ou pour les bricole** de la lagune et pour ces petits ponts anonymes des quartiers éloignés du centre .
Les promenades nocturnes étaient une aventure sereine: Venise est la plus « sûre » ville au monde. La vision des alentours déserts de la Piazza San Marco ou du Palais des Doges, et surtout de la Giudecca ou de Torcello est un privilège inoubliable.
Nous finirons par consacrer plusieurs années à la réalisation d'un livre d'art dédié à cette ville devenue si essentielle à notre respiration commune : le « Guide Poétique de Venise ».
* barbacana : une des curiosités architecturales de Venise, ces encorbellements permettent d'élargir les habitations à partir du premier étage en formant une protection contre la pluie ou le soleil, le dépassement maximal autorisé du mur étant de 85 cm
** bricola : robuste pieu de bois implanté dans la vase de la lagune et émergeant de deux ou trois mètres, permettant aux embarcations d'éviter de s'enliser, en guidant leur parcours
Guidi et les pigeons devant les « Procuratie » de la Place Saint-Marc ( Venise -1984 )